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Une étude de l’Association of the British Pharmaceutical Industry.
Au Royaume-Uni, le secteur des Life Sciences a le potentiel de créer environ 133 000 emplois entre 2020 et 2030 grâce aux remplacements et à la croissance (source : Science Industry Partnership).
L’ABPI (Association of the British Pharmaceutical Industry) a publié en janvier 2022 un rapport très intéressant intitulé : « Combler l’écart de compétences dans l’industrie biopharmaceutique. Maintenir la position de leader du Royaume-Uni dans les sciences de la vie. » Dans ce rapport, l’ABPI évalue les besoins en compétences actuels et futurs de l’industrie pharmaceutique, en comparaison avec les résultats de leur précédente étude de 2018. L’objectif est d’examiner dans quelle mesure le système éducatif et les compétences au Royaume-Uni répondent à ces besoins. Cette étude identifie également les actions à entreprendre par différents acteurs tels que le gouvernement, les organismes de recherche et de formation, les universités, et l’industrie.
Bien que les contextes nationaux puissent varier, les défis et les tendances identifiés dans ce rapport ont une pertinence internationale, pouvant s’appliquer à d’autres pays, y compris à la France. Ceci nous aide à saisir les enjeux du marché et à anticiper les compétences requises.
Constat de l’ABPI
Principaux domaines de pénurie de compétences
Sept disciplines sont identifiées comme des priorités absolues notamment la chimiométrie (1), la science de la formulation, la modélisation physiologique, la chimie computationnelle(2), la modélisation pharmacocinétique/pharmacodynamique, l’épidémiologie et la pharmaco-épidémiologie, ainsi que l’ingénierie de la fabrication. Ces domaines prioritaires témoignent de l’importance croissante des données et du numérique dans les sciences de la vie, la R&D et la fabrication.
Les pénuries de compétences mentionnées dans le rapport sont souvent liées à la quantité de candidats plutôt qu’à leur qualité
Bien que certains candidats possèdent les compétences requises, leur nombre est insuffisant, en particulier dans les domaines numériques, des données et de l’ingénierie.
Le recrutement et la rétention de personnel expérimenté restent une priorité majeure pour les entreprises
Près de la moitié des industriels interrogé ont admis une certaine incertitude concernant les répercussions de la sortie de leur pays de l’UE sur leur capacité à attirer des talents. Pourtant, à la suite de la pandémie de COVID-19, il a été constaté une augmentation du nombre de candidats souhaitant travailler dans le secteur des sciences de la vie.
Engagements de l’ABPI
Soutenir les établissements d’enseignement supérieur en matière de développement de programmes et de stages en entreprise pour renforcer les compétences numériques très demandées et accroître l’intérêt pour l’industrie des sciences de la vie. L’université est un moment clé où de nombreux étudiants décident de leur future carrière, et il n’a jamais été aussi opportun de promouvoir les avantages, tant pour l’individu que pour la société, d’une carrière dans les domaines pharmaceutique et biopharmaceutique.
Soutenir l’éducation des Sciences, Technologie, Ingénierie et Mathématiques afin d’encourager les jeunes à développer des connaissances très demandées et à prendre des décisions éclairées concernant leur orientation professionnelle, en lançant une plateforme proposant des ressources gratuites.
Poursuivre les recherches sur le recrutement et la rétention du personnel expérimenté et sur les défis auxquels le secteur est confronté à cet égard. Alors que le gouvernement britannique accroît son attention sur la reconversion et l’apprentissage tout au long de la vie, il est essentiel de comprendre la cause des pénuries de personnel expérimenté et si l’industrie doit reconsidérer la meilleure manière de soutenir les carrières à long terme.
Recommandations politiques de l’ABPI
Renforcement des compétences numériques
Utiliser les Instituts de Technologie (IoT), nouvellement financés pour prioriser l’application des compétences numériques dans le secteur des sciences de la vie. Les IoT fournissent une éducation technique en collaboration avec les employeurs et les établissements d’enseignement supérieur. Pour l’ABPI, il est essentiel d’évaluer le succès des IoT et d’assurer que les nouveaux IoT rassemblent les compétences numériques et des Life Sciences pour relever les défis majeurs de la santé et de la pharmacie.
Stimuler les compétences émergentes pour répondre à la demande
Les domaines en pénurie de compétences sont principalement l’informatique, l’analyse de données, la biologie computationnelle(3), la technologie de visualisation des données(4).
Par rapport au programme pilote que le gouvernement prévoit afin d’aider les chercheurs à acquérir des compétences au-delà de leur discipline, l’ABPI recommande un soutien financier pour les compétences numériques, la formation interdisciplinaire/intersectorielle et la mobilité entre domaines de recherche.
Créer une filière de chercheurs en Life Sciences
Augmenter le nombre de bourses de doctorat et de récompenses pour les chercheurs en début de carrière dans les disciplines.
Augmenter l’offre de formations en apprentissage dans les Life Sciences en favorisant la participation des PME.
Attirer des experts internationaux
Encourager l’installation au Royaume-Uni de personnel hautement qualifié en facilitant l’obtention de visas pour les talents mondiaux des life sciences, en élargissant les critères d’éligibilité, et en incluant davantage de pays dans les procédures simplifiées de visa.
Conclusion
Pour accélérer la convergence des sciences de la vie et de l’informatique, des mathématiques, des statistiques, de l’ingénierie et de la chimie, l’ABPI préconise des mesures qui résonnent aussi en France :
- Comprendre, anticiper et répondre aux lacunes en matière de compétences dans toutes les professions des Life Sciences.
- Améliorer les compétences numériques de l’ensemble de la main-d’œuvre.
- Soutenir l’éducation des plus jeunes en Sciences, Technologie, Ingénierie et Mathématiques.
- Développer les apprentissages et faciliter leur adoption, notamment par les PME.
- Soutenir la formation des scientifiques universitaires pour faciliter leur transition vers l’industrie.
- Favoriser la mobilité entre les secteurs pour encourager le partage des connaissances et le développement des compétences.
- Attirer et fidéliser les talents internationaux, notamment en recrutant et en retenant des travailleurs hautement qualifiés en provenance de l’UE et d’ailleurs.
(1) La chimiométrie est une discipline qui manipule les données issues des processus chimiques en utilisant les fondamentaux des mathématiques et des statistiques. Les avancées dans le domaine de l’électronique et de l’informatique ont permis une croissance constante de la chimiométrie, élargissant les applications de cette discipline dans pratiquement toutes les sous-disciplines de la chimie (source:Sciencedirect.com).
(2) La chimie computationnelle est une branche de la chimie qui utilise la simulation informatique pour aider à résoudre des problèmes chimiques complexes (source:Sciencedirect.com).
(3) La biologie computationnelle (parfois appelée biologie numérique) est une branche de la biologie qui implique le développement et l’application de méthodes d’analyse de données, d’approches théoriques, de modélisation mathématique et de techniques de simulation computationnelle pour étudier des systèmes biologiques, écologiques, comportementaux et sociaux.
(4) La visualisation des données est la pratique de traduire l’information dans un contexte visuel, tel qu’une carte ou un graphique, afin de faciliter la compréhension des données par le cerveau humain. L’objectif principal de la visualisation des données est de faciliter l’identification des motifs, des tendances et des valeurs aberrantes dans de vastes ensembles de données.